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Hakim Arabdiou
16 janvier 2009

Réponse de Hakim Arabdiou à Bernice Dubois

Réponse de Hakim Arabdiou à Bernice Dubois

Lundi 3 Mars 2008

Parue dans le blog Kébir Jbil

Réponse à Bernice Dubois

Je tiens d’abord à vous remercier d’avoir répondu à mes « lieux communs ». Mais ce n’est qu’hier qu’on m’a appris votre réponse.

Je dois d’abord préciser que bien que athée et laïque, je n’ai aucun a priori contre le sionisme religieux tant qu’il ne vienne pas piétiner sur ma liberté d’individu. Soit la même position que j’ai envers les autres religions.

Je suis en revanche, en tant qu’ennemi de l’oppression, totalement opposé au sionisme politique, qui est une doctrine colonialiste au nom de laquelle le peuple palestinien a été spolié par la terreur de sa patrie avec la complicité de pays impérialiste et l’URSS stalinienne. Des centaines de villages ont été attaqués et une partie de leur population massacrée, selon un plan prémédité. 700 000 palestiniens ont fui en dehors de leur pays. Mais qui n’ont jamais autorisés à y retourner. Dier Yassine en fut le symbole, comme Guernica et Ouradour-sur-glane le furent pour l’opinion publique mondiale, et pour les Palestiniens en particulier. Autre mot terrifiant pour les Palestiniens qu’employait contre eux l’Etat colonialiste israélien, « transfert », c’est-à-dire l’expulsion de leur patrie avec femmes et enfants, et leurs maisons et leurs biens occupées par des Juifs venus d’ailleurs.

Maxime Rodinson, grand orientaliste juif français, signale l’existence de petites colonies juives en Palestine. Des juifs d’origines diverses étaient venus s’établir en Terre sainte. En 1880, il était 24 000 sur peut-être 500 000 Palestiniens. Mais très vite l’émigration plus politique commença suite aussi aux pogroms (massacres) dont les Juifs étaient victimes en Europe centrale et en Europe l’Est. Elle prit nettement ce caractère, avec Theodor Herzel. Il révèle que celui-ci avait sollicité entre autres, mais en vain, l’aide du sultan turc Abdel Hamid pour établir un territoire autonome en Palestine, sous suzeraineté ottomane. Malgré l’envoi de plus en plus de colons juifs pour renverser l’équilibre démographique et surtout pour se constituer une base politique, la population juive ne représentait encore que 17% de la population en 1939. De même d’ailleurs que le mouvement sioniste était, selon une conférence fort instructive, de Pierre Stanbul, juif français, sur l’histoire de l’antisémisme dans le monde, minoritaire parmi les Juifs et leur combat antinazie a été marginal (quand certains d’entre eux n’ont pas fait le jeu des nazis). Ce n’est qu’avec les persécutions nazies que les Juifs furent canalisés en partie en Palestine, et la propagande sioniste trouva un écho.

(Documentation : Maxime Rodisson : Israël et le refus arabe : 75 ans d’histoire. Je n’ai pas en tête le titre du texte de la conférence de P. Stanbul. Mais je l’enverrai à Kébir, peut-être acceptera-t-il de le publier ; ce qui éclairera beaucoup sur les racines de l’antisémitisme, sur le sionisme, qui est une forme, selon lui, de nationalisme en Europe…)

Vous exprimez votre étonnement de n’avoir jamais entendu parler de maquis juifs français durant la résistance antinazie, alors que comme vous dites, vous avez beaucoup lu sur cette question. Il n’y a pas eu, comme je l’avais indiqué de mémoire deux maquis juifs sionistes français, que j’ai confondu en faite avec deux régions de France, (une bonne partie était composée de Juifs étrangers), mais tous basés dans le Tarn, et un près de Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire. Il s’agit de l’Armée juive (AJ) qui prendra en 1944 le nom d’Organisation juive de combat (OJC). Les diverses sources indiquent que ces résistants portaient des galons avec le drapeau du futur Israël avec l’étoile de David, qu’il faisait lever le drapeau français, puis le drapeau du futur Etat sioniste, qu’ils chantaient la Marseillaise, puis l’Hatikvah, que dans leur programme de formation idéologique figurait l’étude des textes bibliques… Ces maquis ont maintenu les mêmes réseaux de protection des Juifs pour acheminer, entre 1945-1948, des Juifs vers la Palestine.

Dois-je considérer que ces maquis n’étaient pas des résistants antinazis, parce qu’ils se préparaient et avaient ensuite participé à la spoliation d’un autre peuple ? Non. C’est ce que j’ai toujours pensé du Hamas, du Djihad islamique ou du Hizbollah libanais vis à vis de l’Etat d’Israël. Cela sans entrer dans les détailes. (Voir Alain Guérin : Chronique de la résistance, pp. 1176-1178).

Cela étant dit, je suis signataire de la pétition de deux Etats, avec un Etat palestinien politiquement et économiquement viable, et non pas un bantoustan ; comme l’impose actuellement Israël. Comme je l’ai déjà dit : En tant qu’internationaliste, je soutiens la cause du peuple palestinien, parce que les sionistes ou Juifs colonialistes l’ont jeté à la mer. Mais je me battrai demain contre les Palestiniens s’ils voudraient jeter à la mer les 5 ou 6 millions de Juifs israéliens. Les résistants algériens avaient toujours déclaré qu’ils ne combattaient les « colons » d’ Algérie, mais le système colonial français.

J’espère que j’aurai l’occasion de vous répondre pour les autres points, car j’ai été un peu long.

Cordialement,

Hakim Arabdiou


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